L'équipe de France de rugby version Lièvremont a 80 minutes pour faire de la défaite contre Tonga un non-évènement qui balaiera la mémoire. Mais s'ils perdent face à l'Angleterre, leur parcours restera dans les annales. Si, « à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire » (Le Cid), un succès des Bleus pourrait les amener au Panthéon des miracles sportifs. Quand bien même ils sachent ensuite rester mobilisés pour une demi-finale éventuelle face à l'Irlande ou au Pays de Galles. En début d'année, Marc Lièvremont avait déjà affirmé que le Canada et le Japon seraient des matchs permettant de faire tourner en vue de dégager un XV type contre Tonga et ne plus en changer. Ce sera quasiment le cas à Auckland avec seulement deux changements : Harinordoquy à la place de Bonnaire, et Mas en remplacement de Poux, histoire que le 8 de devant retrouve ses automatismes et sa puissance. Doit-on changer une équipe qui ne gagne pas ? Vaste débat que seul le résultat arbitrera.
Pour vaincre le XV de la Rose, les Tricolores doivent se libérer et mettre une agressivité salvatrice. Ils doivent aussi valider leurs temps forts. Par cinq ou trois points, peu importe. Puissance et efficacité doivent être les maître-mots des hommes de Thierry Dusautoir qui doit, lui aussi, se faire violence et haranguer ses joueurs. Gros point positif vu lors de la phase de poule, physiquement ils sont capables de tenir 80 minutes en conservant le même rythme. Si l'écart face au XV de la Rose n'est pas trop important, le match pourrait se montrer palpitant jusqu'au bout. Sinon ? « Eden Park, morne plaine… »
Oui mais en face, ce sont les Anglais. Haïs et honnis car jalousés, les Iliens n'ont donné aucune indication quant à leur niveau de jeu. Pas transcendants mais terriblement efficaces. Possédant de jeunes joueurs capables de faire basculer un match, les Blancs restent les maîtres du camouflage. Les frasques de certains, et notamment Mike Tindall au comportement « so shocking » n'ont sans doute pas affecté un groupe conscient de ses faiblesses. Petits bras face à l'Argentine (13-9) et l'Ecosse (16-12), l'Angleterre sait monter en puissance. C'est la première fois qu'elle est ainsi bousculée au premier tour d'une coupe du Monde dans une poule à sa portée. La grande inconnue concerne la présence ou non de Jonny Wilkinson. Les uns s'en régaleront tant ce joueur est capable de gagner la rencontre à lui tout seul ; les autres se diront que son manque de réussite depuis le début du Mondial est préférable à un Toby Flood (1,87m, 91 kilos) particulièrement vif dans le jeu à la main. Le squad est impressionnant avec 21 joueurs au-dessus des 100 kilos, une 3e ligne Moody-Heaster-Haskell qui culmine à 1,94m, et un cinq de devant qui compte plus de 250 sélections.
La seule certitude de ce match est qu'aucune des deux formations n'a, pour le moment, ravi ses supporters. Par contre, lundi, un avion au départ d'Auckland atterrira en Europe. Celui de la British Airways à 5h35 à Londres-Heathrow, celui d'Air France à 6h05 à Roissy-Charles-de-Gaulle… le terminal sera désert.
ANGLETERRE
Foden ; Ashton, Tuilagi, Flood, Cueto ; (o) Wilkinson, (m) Youngs ; Moody (cap), Easter, Croft ; , Palmer, Deacon ; Cole, Thompson, Stevens.
Remplaçants : Hartley, Corbisiero, Shaw, Lawes, Haskell, Wigglesworth, Banahan.
FRANCE
Médard ; Clerc, Rougerie, Mermoz, Palisson ; (o) Parra, (m) Yachvili ; Bonnaire, Harinordoquy, Dusautoir (cap.) ; Nallet, Papé ; Mas, Servat, Poux.
Remplaçants : Szarzewski, Barcella, Pierre, Picamoles, Trinh Duc, Marty, Heymans.