Phase finale REPLAY HISTORIQUE
Publié le 30/06/2024
Le champion en titre débute son exercice par un périlleux déplacement à Jean-Dauger. En ce 18 aout, l’arène bayonnaise est, comme à son habitude, en fusion. Avec 17 internationaux absents des rangs toulousains pour cause de Coupe du Monde, Ugo Mola aligne un XV plutôt jeune. La chaleur est étouffante mais n’annihile pas la volonté de jouer de chaque côté. Guitoune est le premier à trouver la faille pour ce qui sera le seul essai du match en faveur des Rouge et Noir. Cassiem égalise puis Lopez claque un drop dont il a le secret. Au retour des vestiaires, le verrou haut-garonnais saute complétement et Baget s’y engouffre pour crucifier Toulouse (26-7). Dès la fin du match, le manager toulousain est amer mais lance un avertissement qui se transformera en promesse tenue 9 mois plus tard : « Maintenant, on y est. Mais on va s’accrocher, vous inquiétez pas. Je vous promets qu’on aura de sortie en sortie, un visage bien meilleur ».
Dans Ernest-Wallon, on ne suit la rencontre contre Perpignan que d’un œil. Le match est agréable et les Catalans donnent du fil à retorde à leurs hôtes mais bizarrement les regards sont tournés vers le banc de touche où Antoine Dupont a pris place. Depuis la finale remportée à La Rochelle, le demi de mêlée n’a pas rejoué avec son club. A la 46e minute, la clameur monte quand il retire sa chasuble et prend la direction du centre du terrain afin de remplacer Ramos. Placé à l’ouverture, le Haut-Pyrénéen reprend le rythme et les sensations en douceur. Il conduit le jeu de Rouge et Noir vainqueurs de l’USAP sur le score de 43-34.
Sorti d’une cuisante défaite contre le Stade Rochelais (29-8), Toulouse aborde 2024 avec quelques interrogations. Pas de quoi non plus entamer le mental d’acier d’un groupe qui doit composer avec un calendrier démentiel et de nouveau l’absence de ses internationaux. Sans hésitation, les jeunes sont alignés chaque weekend et ils vont faire mieux que tenir le simple rôle de doublure. En effet, le Stade Toulousain va alors enchainer 8 victoires de rang… Un rendement colossal porté par sa jeune garde qui en vient à terroriser les équipes les plus aguerries du TOP14. La quintessence de cet incroyable enchainement de succès survient lors de la 16e journée. En déplacement à Marcel-Michelin, les Gourgues, Costes, Merkler, Cramont, Vergé, Castro-Ferreira et consorts renverse l’ASM. Score final 33-37, la France du rugby est à la fois dubitative et admirative du talent cette jeune bande que rien n’arrête.
Touché au ligament croisé d’un genou, en amical contre l’Ecosse, Romain Ntamack a loupé la Coupe du Monde et le début de saison. Meurtri mais rapidement motivé à l’idée de revenir, l’ouvreur star de Toulouse a travaillé comme un forcené pour retrouver les terrains au meilleur moment. Tandis que l’on peut apercevoir le classement final du championnat et que les échéances européennes arrivent à grand pas, le demi d’ouverture fait son entrée à la 57e minute du match contre Pau. Comme un symbole, il remplace Antoine Dupont, la foule est en liesse à Ernest-Wallon, la clameur ne redescend pas de suite car Ntamack réalise même une percée sur l’un de ses premiers ballons. Toulouse s’impose difficilement 31-29 contre Pau ce qui n’empêche les supporters pas de fêter le retour d’un de leur joueur préféré.
Equipe la plus titrée du continent, Toulouse a ajouté à Londres, en ce 25 mai 2024, une 6e étoile à son maillot. Pas de grande victoire sans un grand adversaire puisque les Rouge et Noir font face à leur bête noire : les Irlandais du Leinster. Ce match va directement entrer dans la légende avec une victoire 22-31 en prolongations. 6-9 à la pause, le combat annoncé a bien lieu car un duel de buteur oppose Kinghorn et Ramos à Byrne. 15-15 à la fin du temps réglementaire puis Lebel, en bout de ligne profite d’un excellent travail de fixation de Chocobares pour libérer tout un peuple. Van der Flier sera l’instigateur de la révolte irlandaise mais c’est trop tard… Les hommes d’Ugo Mola peuvent brandir, pour la 6e fois de leur histoire, le trophée de champion d’Europe.
Pour la demie et afin de pouvoir rêver au doublé, Toulouse prend la direction de Bordeaux pour y défier son meilleur rival, le Stade Rochelais. Comme souvent entre les deux équipes, le bras de fer est intense. Contrairement à l’avant-dernier match de la phase régulière qui avait accouché d’un nul spectaculaire (31-31) ce coup ci l’accent était porté sur l’intensité et l’agressivité. Le pack de La Rochelle en était animé dominant celui des champions d’Europe pour permettre aux protégés de Ronan O’Gara de mener 15-20 à la pause. De retour sur la pelouse, les Maritimes se sont heurtés à l’expérience toulousain ainsi qu’à la patience. Mallia, Chocobares et Lebel compostant le billet direction la finale marseillaise (39-23). Ces derniers étaient bien aidés par l’indiscipline rochelaise avec deux cartons rouges à l’encontre de Wardi et Atonio.
Pour la deuxième finale délocalisée de l’histoire du TOP14, Toulouse a atteint l’apothéose. Opposés au rival bordelais, ce derby décisif a tourné à la démonstration pour un record de points marqués en faveur des Rouge et Noir accompagné d’un 23e bouclier. Score final 59-3, 9 essais marqués symbolisant l’ultra domination de ce club à part sur le championnat de France. Au passage, les Haut-Garonnais signent le 3e doublé de l’histoire (96-2021-2024) laissant cette saison sur une interrogation : mais jusqu’où cette génération dorée peut-elle aller ?