- Le jeudi 9 septembre 2010 a marqué le coup d'envoi du compte à rebours de la Coupe du monde. C'est un évènement auquel vous pensez en vous rasant ?
Elle me fatigue cette expression…Evidemment que la Coupe du monde est un objectif et qu'on y pense beaucoup. Nous avons eu récemment une réunion au centre technique du rugby à Marcoussis pour caler les dates et lieux de stages, les entraînements, etc. Mais avant la Nouvelle-Zélande, il y a la Tournée de novembre où il faudra redorer notre blason après les défaites en été, puis il y a aura le Tournoi et deux matchs amicaux.
- En une année qu'est-il possible de faire ?
Un an c'est à la fois long et court bien sûr. C'est très long pour nous car nous n'avons aucune certitude. Nous ne savons pas quels joueurs nous allons prendre, et les deux mois qui arrivent sont très importants à ce titre. Les nations du Sud sont d'ores et déjà tournées vers cet objectif. Dans l'hémisphère Nord, les joueurs sont concentrés sur les championnats et les Coupes d'Europe. Mais j'espère que ceux qui souhaitent aller en Nouvelle-Zélande y songent quand même…
- Vous évoquez des certitudes du côté de l'Hémisphère Sud. Pensez-vous que le Tri-Nations en ait vraiment donné ?
Si le Champion du monde était désigné selon son parcours dans l'année, la Nouvelle-Zélande serait championne chaque année ! Notre problème c'est la continuité, l'enchaînement de victoires face aux grosses nations du Sud. Mais ce qui est rassurant et rend possible une belle performance de l'équipe de France lors du Mondial, c'est que nous allons avoir des conditions d'entraînement optimales. La FFR et la LNR se sont mises d'accord pour nous permettre des rassemblements tout au long de l'année, et surtout 2 mois en commun juste avant la Coupe du monde.
- C'est ce qui vous ennuie le plus, cette impossibilité, à chaque fois, d'enchaîner plus de deux victoires face à des grosses formations ?
Oui, je suis ennuyé qu'on ne parvienne pas à enchaîner, mais attention cela va devenir de plus en plus difficile de confirmer sur plus de deux matchs. Nous sommes capables de battre les meilleurs, donc il y a des raisons d'espérer. Je préfèrerais être à la place des Néo-Zélandais qui ont déjà assimilé les nouvelles règles. Nous, on s'adapte. Il reste 10 matchs, tout compte et à certains postes les places sont chères. Je souhaite vraiment que dans les deux mois qui viennent on se rapproche du groupe qui sera de la Coupe du monde 2011.
- Vous êtes sélectionneur du XV de France. Ce qui s'est passé dans le football lors du Mondial sud-africain vous a forcément interpellé. Est-on à l'abri de ce genre d'attitude dans le rugby ?
Non. Quelque soit le sport collectif, il faut rester vigilant. En Afrique du Sud, l'équipe de France de football évoluait dans un contexte difficile avec des intérêts divers qui gravitaient autour du groupe. Une Coupe du Monde est une aventure humaine forte ; il faut un groupe sain, un accompagnement sain, et un staff extra-sportif sain. Je pense que nous avons cela dans le rugby. Mais j'ai été triste de voir l'équipe de France de football ainsi. Quand on est entraîneur il faut être vigilant, et anticiper ce genre de failles dans une équipe.
- En 2011, la France affrontera le Japon, puis le Canada, la Nouvelle-Zélande et Tonga. Que pensez-vous de ce groupe ?
J'en suis très content. La poule est relevée avec la Nouvelle-Zélande et le Tonga. Nous jouons en premier le Japon et le Canada qui devraient nous faire monter en puissance. Cela va nous permettre de rentrer de plein pied dans la compétition. Souvent les équipes qui se sont sorties de poules relevées sont allées très loin. Nous avons une vraie chance de terminer deuxièmes de la poule et ensuite de tomber sur des équipes que l'on connaît bien… le match que j'appréhende le plus n'est pas celui contre les All Blacks, mais celui contre Tonga. Il vient une semaine après la Nouvelle-Zélande, on joue à Wellington où il y a une forte communauté tongienne. Il faudra être sérieux mais j'aime bien la séquence de matchs avant les Blacks et Tonga : deux matchs amicaux puis le Japon et le Canada, c'est parfait pour se jauger.
- Au-delà de l'aspect sportif, la Nouvelle-Zélande c'est aussi un mythe pour tous les rugbymen. Cet aspect-la aussi entre en ligne de compte pour un sélectionneur national ?
J'étais de ceux qui regrettaient que le rugby ne s'ouvre pas plus au monde. J'aurais bien aimé faire la Coupe du monde au Japon par exemple mais la Nouvelle-Zélande est un pays magnifique, où le rugby est roi.
- Vous imaginez-vous en ramener le titre ?
On n'en est pas encore là ! Avant cela, des étapes importantes nous attendent. On a une année pour bien nous préparer, dix matchs pour bien poser les jalons de notre jeu. Le lancement réel de la Coupe du monde se fera à la fin des phases finales de TOP 14 Orange.
..