- Avec du recul, comment analysez-vous le match face à Clermont ?
J'analyse ce match comme une rencontre symbolisée par la préparation minutieuse que l'on a pu faire pendant les trois semaines d'avant-match. Je ne saurais pas dire si cela a été négatif ou positif d'avoir une semaine de plus que Clermont pour préparer cette demi-finale, mais ça a permis à tout le groupe de pouvoir bien se reposer, puis de se remettre en action pour bien peaufiner les précisions sur la dernière semaine. Mais avec le recul, je pense que terminer dans les deux premiers, c'est un avantage.
- Pensez-vous que le début de match a été déterminant ?
C'est difficile à déterminer, je pense qu'on a eu la chance de gagner le toss, ce qui nous a permis de choisir de jouer contre le vent. On marque rapidement sur des actions magnifiques, mes joueurs étaient très motivés avant le match et ce début de rencontre leur a donné encore plus de motivation. Être mené 10-0 dès l'entame de la partie alors qu'on a le vent pour soi, a dû être compliqué pour les adversaires. Revenir sur le terrain, mené et avec le vent contre soi, avait changé la donne.
- Vous êtes aujourd'hui en finale avec le statut de favori, comment l'accueillez-vous ?
Je ne sais pas si nous sommes favoris ou non, mais ce sera ma onzième finale de TOP 14 Orange et je suis devenu assez hermétique à la pression. Cette rencontre opposera deux belles équipes, deux staffs de très grandes qualités. C'est une formation que je respecte beaucoup, qui a de très bons joueurs, ils ont de très bons entraîneurs. C'est un groupe fort.
- Pourtant Montpellier n'est que novice à stade de la compétition…
Ce sont les journalistes et les experts qui placent le Stade Toulousain comme favori de ce match. Je peux leur donner raison, c'est vrai que sur le plan de l'histoire ce ne sont pas les mêmes équipes, elles sont très différentes. Nous on porte le poids de notre histoire, c'est pour cela qu'on nous met plus en avant. On parle beaucoup de Montpellier comme une équipe qui a formé beaucoup de jeunes joueurs de son effectif, mais on parle rarement des étrangers qui sont présents dans ce groupe et qui font, eux aussi, un gros travail. Moi, ça ne me pose pas de problème d'être favori, je dois en être à dix-sept finales si on compte le championnat et la Coupe d'Europe. On fait dire ce qu'on veut aux gens, mais quand je vois que Leicester a perdu face aux Saracens dans le championnat anglais ou que le Munster a battu le Leinster, ça montre bien qu'être favori, ça ne veut rien dire. Je pense que le match que l'on jouera ce week-end sera une finale de coupe et que si le MHR gagne, ce sera merveilleux, que toute la France sera contente de voir une équipe jeune l'emporter. Ce que je souhaite juste, c'est que le meilleur l'emporte et que le perdant ait tout donné et parte sans trop de regret.
- Que craignez-vous de cette équipe de Montpellier ?
Principalement, la qualité de son jeu. C'est une équipe qui a montré un très bon jeu, que ce soit contre Toulon, à Castres ou face au Racing-Métro 92. C'est une équipe qui a beaucoup de vivacité, qui est très dynamique, qui est très précise dans ses attaques. Comme je le disais tout à l'heure, le staff est de très bonne qualité et a fait un gros travail sur la préparation physique de ses joueurs. Tous les joueurs sont là où ils doivent être, il y a une grande qualité de jeu collective. Ils ont un très bon buteur, c'est une équipe enthousiaste, qui met beaucoup d'engagement dans ses matches, ils ne lâchent jamais. De plus, ils ont de très bons joueurs comme Gorgodze, Trinh-Duc ou Ouedraogo, c'est une formation que je respecte énormément.
- Entre deux équipes qui aiment manier le ballon, comment voyez-vous cette finale ?
C'est difficile de prédire ce qu'il va se passer avant de commencer la rencontre, mais je pense que les deux équipes proposent un rugby complet, qui allie puissance et technique. La finale pourrait être ouverte dans le jeu, il y aura surement beaucoup de mouvement, ce sera une belle finale.
- On parle beaucoup des entraîneurs, qu'ont de semblables Fabien Galthié et Guy Novès ?
C'est un grand honneur pour moi d'être comparé à Fabien Galthié, quand je regarde son palmarès en tant que joueur. Il a toujours réussi, que ce soit à Colomiers, à Paris ou en équipe de France. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de comparaisons à faire entre nous. Ce qui diffère entre lui et moi, c'est que moi je suis toujours resté dans le même club, que ce soit en joueur ou en entraîneur. Lui il a commencé à Paris, puis il a arrêté pour se consacrer aux médias, un rôle qu'il exerce très bien. J'ai répété plusieurs fois que c'était un très bon orateur à la télé, et ses analyses montrent qu'il est un très bon technicien. Une autre différence, c'est que lui, il a encore l'avenir devant lui, moi j'ai 57 ans et mon avenir est derrière moi… Après, là où l'on se rejoint, c'est qu'il a su s'entourer. Il est allé chercher Eric Béchu qu'il connaissait de Colomiers, ainsi que Didier Bès. Savoir s'entourer c'est une chose que l'on partage, j'ai la chance d'avoir Yannick Bru et Jean-Baptiste Elissalde avec moi et sans eux, ça serait plus compliqué. Lui et moi partageons aussi la rage de gagner, on fait le même métier et on sait ce que c'est que de gérer des groupes, on a le même stress, les mêmes contraintes, les mêmes envies et les mêmes rêves…
- Malgré l'expérience de ce genre de rendez-vous, comment abordez-vous cette rencontre ?
En tant qu'entraîneur, je ne suis jamais serein, j'ai toujours la trouille avant un match, la trouille de ne pas pouvoir maîtriser, de ne pas savoir quelle sera l'issue du match. C'est un sentiment intérieur, mais j'ai une importante tension en moi. Ce qui est bizarre, c'est que je sais comment ça va se passer, ce qu'il va arriver durant le match, mais personne n'a le score final avant la fin de la partie et ça, ça me fait un peu peur. Pour autant, je fais de mon mieux pour maîtriser tout cela et j'essaye de donner le maximum aux miens pour les encourager.
- On parle souvent de mental dans les matches couperets, y'en a-t-il encore plus sur une finale ?
Il faut énormément de mental sur ce genre de match. Ce qui fait la différence principale entre les athlètes, ce n'est pas forcément la fraîcheur, c'est la grosse dose de mental. Si la tête ne suit pas, on peut perdre beaucoup. On peut se faire doubler au final, alors que l'on est préparé de la même manière, si le mental n'est pas au maximum, on peut perdre. Il ne faut pas commencer à douter sur ce genre de rencontre.
- Si le Stade Toulousain venait à échouer en finale, la saison serait-elle ratée ?
Non, je ne pourrais pas dire ça. On a réalisé pour le moment une saison magnifique. On a échoué certes en demi-finale de Coupe d'Europe, mais c'était face à une grosse équipe, qui a remporté la compétition après… On a joué notre quatrième demi-finale d'affilée dans cette compétition, on est qualifié pour la finale du TOP 14 Orange après avoir terminé premier la saison régulière. Quand on ajoute tout ça avec la belle prestation face aux Clermontois le week-end dernier, on se dit qu'un titre pourrait-être la cerise sur le gateau. Mais même si on perd en finale, la saison sera magnifique.