- Racing Métro-Montpellier. Que vous inspire ce match ?
C'est une rencontre comme on les aime. Ce n'est pas une rencontre classique à ce niveau de championnat ; il n'y a pas un gros passé de confrontations entre les deux équipes. Les deux formations sont pour la première fois de leur histoire depuis très longtemps à ce niveau de la compétition. Et puis on a deux équipes différentes. On peut s'attendre à très gros match !
- Vous évoquez un style différent. Pensez-vous au fait que le Racing a été impérial tout au long de la saison et semble une machine rôdée, face à Montpellier qui apporte une certaine fougue par sa jeunesse ?
Oui. On a d'un côté le Racing, sûr de ses forces avec un rugby puissant et performant en conquête, et capable de pratiquer un rugby très efficace. Il ne faut pas oublier que le Racing présente la meilleure attaque du championnat ! Cette équipe est à l'image de son entraîneur Pierre Berbizier. Elle est très réaliste, son jeu peut sembler sobre mais il est surtout basé sur l'efficacité.
Et, en face, il y a Montpellier qui possède des arrières très rapides et des avants puissants. Ils vont tenter de s'éloigner rapidement des zones de combats pour faire parler la fougue de joueurs d'expérience. Ils vont s'appuyer sur le fait qu'ils ne sont pas favoris. Exactement comme Bordeaux a fait en PRO D2 pour battre Grenoble puis Albi. Le discours est : « Personne, sauf nous, ne croit en nos chances. Montrons-leur ! ». Ils font faire d'un élément contextuel a priori défavorable un point fort. Ils sont dans la position de David contre Goliath.
- Cela peut fonctionner en demi-finale ?
Surtout avec Eric Béchu qui a su jouer là-dessus lorsqu'il entraînait Albi. L'avantage est qu'on a des joueurs qui vont cultiver l'idée que de toute manière leur saison est bonne, et que désormais c'est du bonus. Ils ont eu 15 jours pour se refaire une santé physique, et 4 jours de repos, donc oui ça peut fonctionner.
- Mais en face c'est le Racing qui semble cette saison être une équipe soudée, solide et peu friable…
Le Racing s'est construit patiemment, année après année depuis la PRO D2. Pierre Berbizier n'a pas dévié de son rugby tout en améliorant les qualités physiques de son groupe. Si on prend Jacques Cronje, ce joueur ne fait pas rire ! Il est extrêmement performant ! Le Racing va sans doute jouer sur sa capacité à imposer son jeu, et à rester dans son plan de jeu. Ils vont vouloir mettre Montpellier sous pression pour faire parler la puissance.
- Dans quel domaine du jeu, selon vous, ce match peut se jouer ?
Je pense que l'entame va être capitale ! Si Montpellier prend le score dès le début, le match peut devenir fou ! Si c'est le Racing, on risque d'avoir un match un peu plus classique avec des Racingmen qui vont gérer. Montpellier ne doit pas trop s'appuyer sur son match face à Toulon car le Racing est plus collectif cette saison que le RCT. Je ne pense pas qu'on va avoir un round d'observation dans ce match.
- Est-ce que le fait que le Racing n'ait pas joué depuis 20 jours et Montpellier 15 va avoir son importance ?
C'est toujours compliqué de gérer les longues périodes sans match. Intelligemment, les joueurs de Montpellier ont eu droit à 4 jours de repos. Les deux équipes ont eu le temps matériel de se remettre physiquement. Je pense que la capacité mentale à rentrer dans le match sera donc un élément plus important que le physique. D'ailleurs, la dernière finale de HCup entre Northampton et Leinster a été très importante sur cet état d'esprit, cette capacité –même mené à la mi-temps- de ne pas lâcher, de s'appuyer sur la confiance collective pour renverser le court d'une rencontre.
- Néanmoins, il va bien y avoir des secteurs de jeu où vont se jouer ce match. Quels sont les points faibles des deux équipes pour vous ?
Le rapport de force va se faire sur la dimension du combat, la maîtrise de la conquête. Le Racing insiste sur la maîtrise de la conquête pour délivrer de bons ballons à ses individualités qui vont créer le déséquilibre. Montpellier s'appuie sur les ballons de récupération pour faire parler sa vitesse. Mais pour cela, il faut que les avants soient disponibles ou se servent parfaitement bien des fautes adverses. Si l'une des deux équipes se retrouve vraiment sous pression, il lui restera la lutte aérienne. De grandes chandelles qui créent le désordre et à partir desquelles on peut remettre de la vitesse. Cela débloque parfois des situations.
- La pluie peut-elle changer la physionomie du match ?
On a l'habitude de dire que le mauvais temps nivelle les valeurs. Le jeu devient plus restrictif, et cela favorise le jeu d'avants et le jeu au pied. Mais là aussi, il y aurait des deux côtés de quoi répondre.
- Et pensez-vous que les joueurs puissent se trouver annihilés par l'événement ?
Non. Ils ont de l'expérience et ils sont prêts !