HOMMAGE
Certains sont sur le terrain comme ils sont dans la vie, c’était le cas de Josaia Raisuqe, joueur talentueux et insaisissable. Tragiquement disparu ce jeudi 8 mai, le fantasque fidjien va laisser un grand vide dans le vestiaire du Castres Olympique et les cœurs de tous ceux qui ont croisé son chemin entre le TOP 14 et la PRO D2. Originaire de la province de Naitasiri, « Wini » grandit dans un décor façonné à son image, à la fois sauvage et paradisiaque. Ce tempérament, combiné à des qualités athlétiques hors du commun ne tarde pas à taper dans l’œil des recruteurs parisiens. En 2015, l’aventure française commence timidement par la Capitale qu’il quittera au bout de deux saisons et un seul essai marqué en championnat.
La fin de l’histoire avec le Stade Français est houleuse alors Nevers va lui tendre la main. Un geste de la part des Bourguignons dont Raisuqe mesure la force. En rédemption, sous la houlette de Xavier Péméja, le Fidjien crève l’écran. 10 essais lors de sa première saison en PRO D2, l’USON termine 7e avant l’apogée du virevoltant ilien. Lors de l’exercice suivant, il embarque toute une équipe sur ses larges épaules et à grands coups d’exploits, l’ailier termine meilleur marqueur (15 essais) au point de participer à un barrage historique contre l’Aviron Bayonnais. Sous le maillot Jaune et Bleu, il retrouve envie et plaisir de jouer au rugby se servant de ce passage en deuxième division comme d’un tremplin, renaissance lui permettant de prendre la direction de Castres en 2021.
Coup de folie devenu coup de génie, l’ailier va devenir une star des réseaux en ce 8 janvier 2021. La pelouse du stade Raoul-Barrière de Béziers est le théâtre du show Raisuqe quand ce dernier décide de brandir dans les airs, tel un trophée, l’arbitre de la rencontre. A ce moment précis, sur la dernière action de la rencontre, Nevers mène 25-30. Libéré par les trois coups de sifflet de M. Millotte, l’imprévisible fidjien ne contrôle pas sa joie, heureusement sans conséquence, provoquant la colère de son entraineur et les rires de milliers d’amateurs de rugby à travers le monde.
Comme pour Nevers, Raisuqe ne tarde pas à être adopté par tout un club. De ses coéquipiers en passant par les supporters tarnais, tous regrettent déjà sa bonne humeur et sa combativité. Capable d’évoluer en flanker comme dans la ligne de trois-quarts, l’ex nivernais s’adapte devenant incontournable au fil des 4 saisons passées et 65 matchs disputés sous le maillot castrais. Le tout en ajoutant toujours une touche de magie à l'instar de cet essai marqué sur la pelouse de Montpellier, alors champion en titre de TOP 14.
Comme grand nombre de ses compatriotes, Josaia Raisuqe a été éduqué à l’esprit du « seven ». Mieux encore, le 7 est une histoire de famille, de transmission, pour celui dont l’oncle a porté le maillot de la mythique sélection. A seulement 20 ans, le neveu prend le relais et remporte les World Rugby Sevens Series en 2014. Sa carrière internationale est mise entre parenthèse avant un retour remarqué lors des derniers JO de Paris. Il se hisse jusqu’en finale s’inclinant contre les Bleus au Stade de France. Le brillant de l’argent sera l’ultime rayon de la carrière d’un insaisissable joueur finalement plaqué par le destin de manière tragique.