Quelle désillusion ! C'est un véritable coup de tonnerre qui a résonné à Rome ce week-end. Certes défaits par l'Angleterre lors de la dernière journée, les Bleus avaient montré de belles choses, et, face à une formation contre laquelle ils n'avaient jamais perdu dans le tournoi (et même largement dominé à Flaminio avec un score moyen de 44-14 en 5 matchs), la France promettait de relever la tête et d'offrir du spectacle.
C'est du moins ce que tout le monde espérait. Mais l'entame de match donnait d'autres pistes avec l'ouverture du score par les transalpins dès la 3ème minute. L'essai de Clerc au quart d'heure de jeu entretenait l'espoir, mais masquait surtout le feu de paille qui couvait. Et en effet, car cette réalisation et celle de Parra sur une belle action à la 50ème furent les deux seules éclaircies françaises de cette rencontre bien terne.
L'analyse sans concession, à la pause, puis au terme du match du sélectionneur national soulignait parfaitement les lacunes d'un groupe talentueux mais semble-t-il marqué psychologiquement. Car comme l'affirmait Julien Bonnaire au sortir du terrain, c'est dans la tête que ce match s'est perdu. Peu importe, ce revers contre la Squadra Azzura, le troisième seulement de l'histoire et le premier en compétition officielle, est retentissant !
Nous pourrons trouver toutes les excuses, c'est une immense déception, mais elle ne doit en revanche rien retirer à la prestation des Italiens. Dans la lignée des matchs disputés à Rome cette année (défaite face à l'Irlande 13-11 et le Pays de Galles 16-24), ils ont à nouveau montré de belles choses. Dans le sillage de Parisse et Canale intenables, ils signent enfin une victoire face à une nation majeure du Tournoi et valident tous les efforts consentis depuis de nombreuses années.
La cuillère de bois oubliée, ils ont désormais un nouvel objectif en tête. En Ecosse, ils tenteront, comme en 2007, de remporter un deuxième match dans un même Tournoi. Si certains en doutaient encore, l'Italie a bel et bien sa place dans cette mythique compétition.
Italie – France : 22 -21 (6-8)
Stade Flaminio (Rome)
Arbitre :
Bryce Lawrence (Nouvelle Zélande)
Les points :
Italie :
1 essai Masi (60e) 1 transformation Mi. Bergamasco (60e) 5 pénalités Mi. Bergamasco (3e, 24e, 63e, 71e, 75e)
France :
2 essais Clerc (15e), Parra (50e) 1 transformation Parra (50e) 3 pénalités Parra (20e, 44e, 66e)
Les équipes :
Italie :
Masi - Benvenuti, Canale, Garcia, Mi. Bergamasco - (o) Orquera (Burton, 58e), (m) Semenzato - Zanni, Parisse (cap.), Barbieri (Derbyshire, 58e) - Del Fava, Dellape (Geldenhuys, 52e) - Castrogiovanni, Festuccia (Ghiraldini, 48e), Lo Cicero (Perugini, 48e)
France :
Médard - Huget, Rougerie, Jauzion (Traille, 71e), Clerc - (o) Trinh-Duc, (m) Parra - Bonnaire, Chabal (Harinordoquy, 57e), Dusautoir (cap.) - Nallet (Thion, 57e), Pierre - Mas (Ducalcon, 41e), Servat (Guirado, 61e), Marconnet
C'est une rencontre très intense et spectaculaire qui a opposé les cousins celtes de Galles et d'Irlande ce samedi au Millenium Stadium de Cardiff. Toutes deux sur courant alternatif (le XV du Trèfle plus que celui du Poireaux), elles étaient pourtant toujours en course pour la victoire finale, d'où l'importance de s'imposer ce week-end. De fait, plus qu'une peut encore disputer la victoire finale à l'Angleterre, tout en espérant que l'autre mette justement des bâtons dans les roues des Anglais… mais nous en parlerons un peu plus tard.
Car avant, il y a eu un match, et de qualité, nous le disions. Et c'est au crédit des Irlandais qu'il faut mettre la meilleure entame. Sur une action rondement menée, l'incontournable Brian O'Driscoll plongeait dans l'en but Gallois, inscrivant ainsi son 24ème essai dans le Tournoi, égalant par la même occasion le très ancien record de la compétition, jusque là détenu par le seul ailier écossais Ian Smith, sévissant sur les pelouses européennes entre 1924 et 1933.
Avec deux coups de pied d'O'Gara, l'Irlande virait en tête à la pause 13-9, leurs adversaires répondant par trois réalisations de James Hook, titularisé à la place de Stephen Jones. Ce seront les derniers points irlandais du match. Plus solides, les locaux reprenaient les commandes du matchs et concrétisaient enfin leurs occasions sur une course solide de leur non moins solide demi de mêlée Mike Philips (1m95, 103kg) qui inscrivait l'essai… le premier des Diables Rouges face à l'Irlande depuis trois ans, mais qui aurait du être refusé. En effet, les Gallois jouant une touche rapidement avec un ballon n'étant pas celui botté en touche par O'Gara…
Ce point de règlement non respecté n'enlève cependant rien au succès des Gallois qui signent leur troisième victoire de rang face aux hommes de Declan Klidney, et pourtant… Le baroud d'honneur des Irlandais aurait pu faire basculer le match, surtout sur leur dernière action. Sur un renversement, après deux passes sur un pas, David Wallace et Keith Earls jouent un deux contre un en bout de ligne. Malheureusement pour eux, le troisième ligne du Munster prend intérieur, se fait plaquer et mange par la même occasion la feuille de match !
Evincée de la course à la victoire finale, la verte Erin aura toutefois une magnifique opportunité de sauver son Tournoi lors de la dernière journée : battre les Anglais à Dublin et priver ces derniers du Grand Chelem. Car pour tomber dans les comptes d'apothicaires, et comme nous le disions plus haut (« … plus qu'une nation peut encore disputer la victoire finale à l'Angleterre, tout en espérant que l'autre mette justement des bâtons dans les roues des Anglais… »), un succès irlandais ferait les affaires des Gallois, en déplacement à Saint-Denis pour y gagner, et peut-être donc remporter le Tournoi.
Pays de Galles – Irlande : 19 - 13 (9-13)
Arbitre :
Jonathan Kaplan (Afrique du Sud)
Les points :
Pays de Galles :
1 essai Phillips (50e), 1 transformation Hook (50e), 4 pénalités Hook (19e, 27e, 69e), Halfpenny (38e)
Irlande :
1 essai 0'Driscoll (2e), 1 transformation O'Gara (2e), 2 pénalités O'Gara (32e, 40e)
Les équipes :
Pays de Galles :
Byrne - Halfpenny, Roberts, J. Davies, Williams - (o) Hook, (m) Phillips - Warburton, R. Jones (Thomas 59e), Lydiate - A.W. Jones, B. Davies - Mitchell (Yapp 12e), Rees (Hibbard 72), James
Irlande :
Fitzgerald (P. Wallace 72e) - Bowe, O'Driscoll (cap), D'Arcy, Earls - (o) O'Gara, (m) Reddan (Stringer 1e) - D. Wallace, Heaslip (Leamy 69e), O'Brien - O'Connell, O'Callaghan (Cullen 75e) - Ross (Court 69e), Best (Cronin 76e), Healy
Leader du Tournoi, sur son nuage, et recevant dans son jardin une formation écossaise dernière du classement et n'ayant jamais gagné à Londres, le XV d'Angleterre était bien évidemment archi favori de cette rencontre, la dernière de cette quatrième journée du Tournoi 2011. Mais à l'image de se qui s'est passé en TOP 14 Orange, en PRO D2 et avec l'Italie la veille, une nouvelle formation du bas du classement a fait très fort.
Le XV du Chardon ne s'est malheureusement pas imposé, mais ce cours revers à Twickenham peut s'apparenter à une victoire. Il peut en tout cas permettre aux Ecossais de croire en l'avenir. Que l'Angleterre ait été dans un mauvais jour ou qu'elle ait prise ce match d'un peu haut, peu importe, l'Ecosse a joué son va tout et fait très peur aux Sujets de Sa Majesté.
Une grosse peur même quand à la pause, les Anglais étaient tenus en échec à domicile. La faute à une incapacité à conclure, à un gros courage des hommes d'Andy Robinson, et surtout un gros match de Richie Gray (à nouveau) et de Ruaridh Jackson à l'ouverture, très décrié après la défaite face à l'Irlande mais reconduit par le sélectionneur, et dans un bon jour ce dimanche. Preuve en est, le drop égalisateur à la 40ème minute, claqué à plus de 40 mètres des perches, et en toute décontraction.
Et que dire de la défense héroïque qu'ils ont offert aux Anglais, avec d'innombrables plaquages offensifs et un retour extraordinaire de Paterson sur Fodden filant à l'essai à la 66ème. Pourtant, et malgré à un essai magnifique d'Evans (après un coup de pied de lui-même par-dessus la défense) répondant à celui de l'Anglais Croft, l'Ecosse s'est inclinée, et ce pour la 4ème fois en quatre matchs dans ce Tournoi.
Lanterne rouge, les Ecossais accueilleront donc l'Italie le week-end prochain pour tenter d'éviter la cuillère de bois… et autant dire qu'après la victoire des Transalpins sur la France ce week-end, cela s'annonce compliqué. Pour les Anglais, il faudra véritablement montrer un autre visage à Dublin, car si l'Irlande est écartée de la victoire finale, elle aura à cœur de faire tomber le XV de la Rose. C'est un match piège pour les hommes Martin Johnson qui pourraient tout y perdre. Le Grand Chelem d'abord, mais aussi la victoire finale (même si c'est moins probable), les Gallois seront à Saint-Denis pour la leur disputer, y croient toujours…
Angleterre – Ecosse : 22-16 ( 9-9)
Twickenham (Londres)
Arbitre :
Romain Poite (France)
Remplacé par Jérôme Garces (France) à la 58e minute
Les points :
Angleterre :
1 essai Croft (68e), 1 transformation Wilkinson (68e), 5 pénalités Flood (16e, 24e, 30e, 57e), Wilkinson (79e)
Ecosse :
1 essai Evans (74e), 1 transformation Patterson (74e), 2 pénalités Patterson (4e, 21e), 1 drop Jackson (40e)
Les équipes :
Angleterre :
Foden - Ashton, Tindall (cap.) (Banahan, 41e), Hape, Cueto - (o) Flood (Wilkinson, 65e), (m) Youngs (Care, 55e) - Haskell, Easter, Wood (Croft, 65e) - Palmer, Deacon (Thomson, 65e) - Cole (Doran-Jones 74e), Hartley (Shaw, 65e), Corbisiero.
Ecosse :
Paterson - Danielli, Ansbro (De Luca, 72e), S. Lamont, Evans - (o) Jackson (Parks, 55e), (m) R. Lawson (Blair, 55e) - Barclay, Brown (Vernon, 42e), Hines (Strokosch, 68e) - Kellock (cap.), Gray - Low (Cross, 52e), Ford (S. Lawson, 65e), Jacobsen.