Boxing Day
Publié le 27/12/2024
Le « jour des boites ». Habituellement cet intitulé appartient à la culture anglaise voulant que le jour de la Saint-Etienne, le 26 décembre, on respecte une tradition caritative. Deux sources divergent sur l’étymologie du nom. La première ferait référence aux boites, remplies de cadeaux, placées dans les églises à destination des plus pauvres ou bien il s’agirait des paquets que les aristocrates anglais offraient, en ce jour, à leurs domestiques en guise de remerciement. Transposé au sport en 1860, lors d’un Sheffield vs Hallan, le Boxing Day a d’abord été assimilé au football et son succès à travers le temps a inspiré les dirigeants du rugby qui l’ont repris. Le 30 décembre 2009 lors de la 16e journée de TOP 14, l’événement est lancé. Les sceptiques, criant au plagiat de la Premier League, sont rapidement conquis par cette journée festive. Les joueurs et les staffs s’adaptent car habituellement aucun match n’était disputé entre Noël et le jour de l’an. Stades pleins et rencontres spectaculaires sont au rendez-vous notamment à Clermont et Toulon. Les Auvergnats triomphent de Brive 52-10 dans un Marcel-Michelin en éruption et Toulon fait bouillir la Rade grâce à son succès 41-13 face à Albi. Jonny Wilkinson enfile, pour l’occasion, son costume de père Noël Rouge et Noir signant 19 points du succès Varois. Le test est concluant, l’opération un succès, 15 saisons plus tard la tradition perdure.
Pour les derniers week-ends de l’année, certaines équipes sortent souvent le grand jeu avec dans les plus grandes métropoles des délocalisations dans des enceintes plus larges. Et si les stades du TOP 14 affichent quasiment tous complet depuis quelques saisons maintenant, c’est aussi le cas pour les stades plus grands et cela même lors des Boxing Day. Un succès fou, et notamment en 2019 avec deux records d’affluence. D’abord pour un choc entre Rouge et Noir, avec 32 479 personnes réunies au Stadium pour un duel entre le Stade Toulousain et le RC Toulon. Puis en continuant sur la Garonne, c’est au Matmut Atlantique de Bordeaux où il y a eu le plus de monde, avec 37 911 personnes pour le derby de l’Atlantique entre l’UBB et le Stade Rochelais.
C’est un match que la LNR et le Restos du Cœur parviennent à remporter chaque année, celui contre la faim et le besoin. Depuis 3 saisons maintenant, les deux entités s’associent lors du Boxing Day afin de collecter le plus de dons et de repas possibles pour les plus démunis. Dons en ligne, opérations de collecte aux abords des stades, ventes aux enchères de maillots… Chaque année des solutions nouvelles sont élaborées afin de continuer le combat. Au total, ce sont 296 774 repas qui ont été récoltés au profit des Restos du Cœur en 2023 soit une progression de 72% par rapport à la campagne précédente. Sur les trois dernières saisons, plus de 560 000 repas ont été fournis grâce à cette opération.
Le but du Boxing Day est de faire participer tout le monde à la fête. Dès lors, en 2022, le soir du réveillon ce sont les Mascottes qui ont mouillé le costume afin d’apporter toujours plus de féérie à cette belle journée. Lors de la dernière rencontre opposant le Racing 92 au Stade Français, les 14 peluches géantes se sont rassemblées à La Paris La Défense Arena pour un match endiablé. A la mi-temps du derby, les spectateurs et téléspectateurs ont pu voir face à face Léo de l’Union Bordeaux-Bègles, la panthère du Stade Rochelais, Captain Co du Castres Olympique, Bikounet du Montpellier Hérault Rugby, Rucky du Stade Français Paris, l’ours Bearny de la Section Paloise Béarn Pyrénées, Wolfy le loup du LOU Rugby, Gergovix de l’ASM Clermont Auvergne, Burro côté USA Perpignan, Zouzou du CA Brive Corrèze Limousin, Mahout l’éléphant du Racing 92, Pottoka de l’Aviron Bayonnais et Ovalion, du Stade Toulousain. Score final 5-5 partout à l’issue d’une rencontre magiquement disputée et conclue par un beau tour d’honneur.
Ce Boxing Day est resté gravé dans bien des mémoires. Du moins, les tableaux d’affichages des stades de TOP 14 s’en souviennent encore tant ils ont chauffé ce jour-là. Le 30 décembre 2012, la 14e journée a battu des records de points ! Lors des 7 rencontres se sont 325 points qui ont été scorés. Il faut dire qu’avec seulement quatre matchs, la barre a été dépassée et placée très haut. 48-3 à Clermont contre Bayonne, 40-6 pour le Racing 92 face au SU Agen et Toulon a dominé l’USAP sur le score de 46-13. Enfin, le record du match le plus prolifique revient au MHR qui avait infligé une défaite 54-16 au Stade Français. Le vice-champion de France de l’époque trouve 6 fois le chemin de l’en but en étant porté par Combezou, Nagusa, Trinh-Duc, Tomas ou Galletier. Le tout magnifié par la botte de l’inévitable Bustos-Moyano.
Le Boxing Day, c’est aussi synonyme de beaucoup de cadeaux et d’essais. Parfois, pour les fêtes de fin d’année, certains joueurs ont le privilège de s’offrir un, parfois deux, et pour les plus chanceux trois essais au cours d’un même match. Depuis la création du Boxing Day, ils ne sont que deux à avoir inscrit un hat-trick au cours d’une même rencontre. Le premier, c’est Joe Tekori à l’avoir réalisé en 2010 avec le Castres Olympique contre le Stade Rochelais. Ensuite, il a fallu attendre 10 ans pour voir un autre joueur s’illustrer avec le coup du chapeau. Et c’est à Toulon que cet évènement a eu lieu. En effet, en 2020, Gabin Villière a fait de même avec lui aussi un triplé, contre l’ASM Clermont.
10e Pénalité/ 12e pénalité/ 18e drop / 20e pénalité / 29e pénalité / 43e pénalité / 48e drop / 58e pénalité / 63e pénalité / 77e pénalité. Telle a été la feuille de route de Lionel Beauxis, ouvreur du Stade Toulousain, lors du Boxing Day 2011. Face à Bayonne, l’ouvreur a marqué les 30 points d’un succès qu’il a déposé au pied du sapin des supporters Rouge et Noir. A 2 unités près, il battait le record de Cédric Rosalen (qui était à l’époque le détenteur du record de points marqués sur une rencontre par un seul joueur). Transcendé, le Tarbais est devenu ce jour-là l’homme ayant cumulé le plus d’unité lors d’un Boxing Day exceptionnellement rebaptisé « Beauxis Day ».
Entre les dons, les essais et les points, le Boxing Day a pour habitude d’affoler les compteurs. Mais parfois, il peut y avoir certaines exceptions avec des matchs moins prolifiques que d’autres. Au total, elles sont 3 rencontres à avoir été surement compliquées à regarder pour les spectateurs. D’abord en 2010 lors de la J14, il n’y a pas eu de vainqueur entre le Racing 92 et le CA Brive, qui se sont quittés sur le score de 6-6. Un an plus tard, même sort à Lyon, avec un petit 6 partout entre le LOU Rugby et l’ASM Clermont. Jamais deux sans trois ? Il fallait bien un dernier match aussi peu prolifique, et il est arrivé il y a 5 ans en 2019, avec encore une fois le CA Brive qui est reparti de l’Aviron Bayonnais sur encore une fois le score de 6-6.
L’an dernier, la flèche Madosh Tambwe avait frappé lors du Boxing Day dans un match complètement fou et une victoire de l’Union Bordeaux-Bègles sur la pelouse de l’ASM Clermont. Une relance des 22m girondins, amorcée par Yoram Moefana. Un jeu à trois, avec ensuite Maxime Lucu qui s’est infiltré dans la défense des Auvergnats en prenant l’intervalle avec à ses côtés le soutien de l’ailier Madosh Tambwe. Derrière, il a fait parler sa vitesse et surtout ses appuis, avec un dernier crochet salvateur au point de faire tomber le dernier défenseur adverse. Tranquillement, il est allé ensuite ce qui a été le plus bel essai de l’histoire du Boxing Day.