- Qu'avez-vous pensé de l'entrée en matière de votre pays dans ce Tournoi des VI Nations ?
Elle confirme les derniers mois de cette équipe. Elle joue mieux, elle est capable de franchir la ligne, construit bien, mais il lui reste un gros handicap à surmonter : elle n'arrive pas à marquer. Avec l'éclosion du jeune Laidlaw à l'ouverture, qui est un ancien joueur à 7, ça joue beaucoup plus, et c'est tant mieux. Mais il n'y pas que lui, il y a tout un noyau de nouveaux jeunes qui arrivent, dans le sillage de Gray, qui avait été le premier, et qui prennent petit à petit leurs marques dans l'équipe : Vernon, Hogg, Jones, Weir, Denton… un nouveau cap est en train d'être franchi, et c'est prometteur.
- Sur quoi cette équipe peut-elle s'appuyer pour franchir ce cap ?
La confiance ! Pendant longtemps, l'Ecosse a manqué de résultats et donc de confiance, aujourd'hui, il ne manque pas grand-chose, et si les joueurs prenaient véritablement confiance et conscience de leurs capacités, l'équipe pourrait avancer.
- Que manque-t-il alors à l'Ecosse pour prendre confiance ?
Un déclic. Lors de la dernière Coupe du Monde, nous menions face à l'Argentine et nous perdons sur un essai inscrit à la 73ème ; face à l'Angleterre, même chose, mais à la 78ème. En ouverture du Tournoi, la différence se fait sur un coup de pied contré de Parks, et les anglais l'emportent… à chaque fois l'Ecosse a bien joué, a bien construit, mais a perdu. Et tout cela vient d'un problème de confiance qui nous empêche de marquer quand il le faut. On l'a encore vu dans ce Tournoi, souvent les joueurs ont franchi le rideau défensif, mais ont pêché dans la dernière passe…
Malheureusement, les Ecossais ont trop souvent pris l'habitude de perdre, et pas assez de gagner. Pourtant il ne manque pas grand-chose ! Nous sommes passés proche de belles victoires en sélection, Edimbourg s'est qualifié en quarts de finale de la HCUP, et même Glasgow a fait une belle campagne, beaucoup de jeunes amènent du sang neuf… tout cela met le rugby écossais sur la bonne voie. Il faut poursuivre dans cette voie, et comme je l'ai dit, tout le monde doit prendre confiance et conscience de ses possibilités, et ça marchera.
- Maintenant c'est la France, à Murrayfield… qu'est-ce que cela vous inspire ?
La dernière victoire écossaise sur la France remonte à 2006 (NDLR : succès 20-16 à Murrayfield), et si je me souviens bien, il n'y en a pas eu beaucoup plus depuis une bonne quinzaine d'années (NDLR : seulement deux victoires de l'Ecosse depuis 1997)… donc on mesure mieux l'ampleur de la tâche. En plus, la France aura des fourmis dans les jambes après l'annulation de son match contre l'Irlande, donc il faudra bien aborder la rencontre. Avec trois semaines sans jouer, les Bleus manqueront certainement d'un peu de rythme à l'entame, et il faudra que les Ecossais soient très performants à ce moment. Si ce n'est pas le cas, cela risque d'être long. Mais je pense que ce sera un beau match, avec beaucoup d'envie, beaucoup de jeu, et je l'espère, beaucoup d'essais.
- Quelle seront les clés de la rencontre ?
La conquête en général, mais surtout la mêlée. Je me souviens que l'an dernier nous avions terriblement souffert dans ce secteur de jeu, et c'est dommage car nous avions été plutôt bons. Au final nous avons perdu (NDLR : 21-34), et si nous avions été plus performants dans ce secteur nous aurions certainement pu faire beaucoup mieux. Il faudra donc être bon en mêlée, pour prendre de la confiance et se donner des munitions.
- Qu'avez-vous pensé de la prestation tricolore face à l'Italie en ouverture ?
Cela a été une victoire maîtrisée à défaut d'avoir été brillante. Les Français n'ont jamais eu besoin d'accélérer, ils ont su bien défendre et marquer quand il le fallait, ça n'a pas été trop dur pour une équipe de ce niveau…
- Justement, que vous inspire ce groupe France, où il y a d'ailleurs beaucoup de Clermontois ?
La France a toujours eu une belle équipe, mais c'est vrai qu'avec beaucoup de mes coéquipiers dans ses rangs, elle me plait encore plus. Cela valide le travail réalisé à Clermont, et qui permet aujourd'hui à la France d'avoir notamment une belle ligne de trois quart, ça fait plaisir.
- Un petit pronostique pour la suite de la compétition ?
Pour le cœur j'aimerai l'Ecosse, mais si la France joue comme elle sait le faire, ce sera très dur. Mais pour être franc, je ne n'ai pas réellement de pronostic.
- Avez-vous un petit mot à dire aux joueurs de l'équipe d'Ecosse, du XV de France à vos coéquipiers à l'ASM ?
Qu'une chose est certaine, le terrain ne sera pas gelé ! (Rires). Je dirai juste bonne chance, amusez-vous et amusez-nous… je serai dans les tribunes, et j'espère que je passerai de bons moments.